samedi 29 novembre 2008

Conséquences du dogme de l’Immaculée Conception

Conséquences du dogme de l’Immaculée Conception dans notre vie spirituelle : Est-ce que c’est important pour nous aujourd’hui de savoir que Marie est Immaculée Conception ?
Monseigneur Patrick Chauvet, vicaire général:

Je commencerai par évoquer la petite Thérèse. Elle, elle voulait être prêtre, non pas pour dire la Messe, mais pour parler de la Vierge Marie, pour prêcher sur la Vierge Marie, parce qu’elle trouvait que les curés en faisaient une déesse.
Et elle disait : « Mais non, ce n’est pas une déesse, elle est très proche de nous ».

Donc, j’espère que mon intervention ne va pas faire hurler la petite Thérèse et je vais essayer de vous montrer comment le dogme de l’Immaculée Conception nous rapproche finalement de Notre Dame.

En guise d’introduction, je dirai d’abord que Marie est une créature de Dieu. Et pour nous, c’est important de le dire. Pourquoi ? Parce que nous sommes des créatures de Dieu nous aussi.
C’est la première chose que je voudrais dire. Marie est une créature d’exception. C’est vrai, il y a une petite différence entre Marie et nous. Mais, Marie est une créature. Je voudrais vous donner quelques pistes sur ce que veut dire une telle affirmation.

D’abord, l’acte créateur instaure une différence incontournable entre Dieu et tout ce qui n’est pas lui. C’est important que dans notre monde, on puisse aujourd’hui le réentendre. On parle de divinisation.

On a beaucoup évoqué les Pères de l’Eglise. Saint Maxime le Confesseur ajoute : « divinisation hormis l’identité de nature ». Donc nous ne serons jamais Dieu.
L’acte créateur, c’est la deuxième affirmation que je voudrais vous dire, est le fondement solide de la valeur de l’être.

L’être créé, il se tient face à sa source. Ce point est important. Nous avons à nous tourner vers la source. Devant Dieu, dit Saint Irénée, nous nous tiendrons debout. Ce que je voudrais aussi ajouter, c’est que l’acte créateur doit être présenté comme une victoire sur la menace permanente du néant.

Et enfin, l’acte créateur n’a pas sa fin en lui-même. Il ne se suffit pas à lui-même. C’est un acte pour une alliance, pour une alliance avec Dieu. Tout ce que Dieu crée a un avenir, a une vocation. Nous avons été créés, dit Ephésiens (14), pour être saints et immaculés, on va sans doute y revenir.

Donc Marie est une créature, comme vous et moi. Il ne faut pas taire cette affirmation, pour montrer vraiment le lien entre notre Mère et nous-mêmes. Marie est grande parce que c’est une créature assumée par Dieu, et que Dieu respecte totalement sa créature. Se pose la question naturellement de la liberté de Marie.
Et comme nous sommes pécheurs, et là on voit déjà la grosse différence, nous nous posons toujours une question, à savoir :

Est-ce que Marie aurait pu dire non ?

Mais, vous savez, il n’y a pas que nous.

Les Pères de l’Eglise se posaient déjà la question à propos de la volonté humaine du Christ. Saint Grégoire de Nazianze s’est trompé lui-même, puisqu’il affirmait que le Christ ne pouvait pas avoir de volonté humaine, parce que s’Il avait eu une volonté humaine, elle serait contre la volonté divine.

Mais il s’appuyait sur sa propre expérience. Donc, pourquoi se dire : Si Marie est vraiment libre, est-ce qu’elle aurait pu dire non ? La vraie source de la liberté, ou l’essence de la liberté, elle n’est pas dans le libre arbitre, ou dans le libre choix, ce n’est pas de savoir si on peut dire oui ou non.

L’essence, la source de la liberté, c’est dans l’orientation de tout l’être vers la source, vers Dieu. Et donc, Marie, elle est toute orientée vers Dieu, et donc pour elle, c’est une évidence, que dire oui est vraiment, fondamentalement, un chemin de liberté et donc un chemin de bonheur.

On a insisté beaucoup sur le fait que Marie est sauvée, et elle est sauvée par avance, par prévention. J’aime bien dire qu’elle est sauvée par avance. Pourquoi ? Parce que, et ça, c’est, peut-être que je suis trop augustinien,…La question d’Augustin, pourquoi a-t-il bloqué, parce que c’est lui, quand même, le coupable, qui a bloqué, j’allais dire, le dogme.

Mais, je vais quand même lui donner l’absolution, c’est que, nous sommes dans une période d’hérésie, avec le pélagianisme, qui remet en cause le péché originel. Et pour Augustin, puisque le salut est universel, tout être doit être sauvé. S’il y a donc un être qui n’est pas sauvé, et bien cela remet en péril le salut universel.
Donc, il a fallu en sortir, et, on l’a évoqué, c’est Duns Scot. Ça veut dire que Marie est sans doute plus sauvée, au fond, que les autres. Mais je n’y reviens pas puisque ça a été bien démontré et explicité.

Après cette petite introduction, je voudrais voir quelle est pour nous la signification de l’Immaculée dans notre vie spirituelle.
Est-ce que c’est une histoire qui est belle et puis ça veut dire qu’on contemple la Vierge Marie, ce qui est déjà beau ?

Ou est-ce qu’il y a quelque chose pour nous, qui touche notre propre vie ?
Et bien, je dirai : quatre points.

Premier point :
L’Immaculée Conception, c’est une annonce. Et d’abord, une victoire de la miséricorde. Une victoire de la miséricorde, et donc, une victoire au profit de tous.

Nous sommes concernés par cette victoire. Si Marie est préservée de l’influence du premier péché, et même de tout péché, c’est bien au service de sa vocation personnelle dans le mystère du salut. Elle est sans péché pour accomplir aussi sa part dans la Rédemption, et donc c’est bien au service de notre propre libération.
N’oublions pas que nous sommes déjà touchés, par ce point-là, par le dogme de l’Immaculée.

Mais sa pureté annonce quoi ? Elle annonce notre propre purification. Nous aussi nous sommes appelés à être purifiés. Nous sommes appelés à cette communion finale avec Dieu, malgré nos fautes. Nous avons été créés pour être saints et immaculés et vivre dans l’amour en présence de Dieu (Eph 14).

L’Immaculée Conception nous annonce la victoire finale. C’est la victoire de la miséricorde. Miséricorde en ce monde, miséricorde au cœur de chacun d’entre nous. C’est l’annonce libératrice des temps nouveaux. Dieu détruit enfin l’égoïsme qui ferme l’homme. Ce n’est pas encore tout à fait aujourd’hui, mais ça va arriver. Marie nous guide sur ce chemin de sainteté.

Deuxième point :
L’Immaculée Conception est un encouragement, et un encouragement dans un combat quotidien. Le Christ nous invite sans cesse à la conversion. Il s’agit peut-être d’enseigner alors le combat spirituel. Et, c’est vrai qu’il faut le rappeler, ce combat doit être présenté comme un élément essentiel de notre marche à la suite du Christ.

Si nous acceptons de répondre à l’appel à la sainteté, donc si nous suivons le Christ, et c’est un thème cher aux Pères, notamment aux Pères du désert, la sequela Christi, se mettre à la suite du Christ, c’est s’engager dans ce combat spirituel.

Parce que le Christ mène le combat avec nous. Si nous l’oublions, nous cédons à d’incessants délais, par exemple : « Mon Père, je commence l’oraison, comptez sur moi, demain ; aujourd’hui, c’est un peu bloqué, mais demain… ». On veut, mais on ne veut pas vraiment. Si je veux lever la main, ça marche, mais si je veux dire du bien de mon prochain, ça ne marche pas. Quel mystère ! C’est Augustin, dans les Confessions, au livre 8 (ch.IX/§21), qui finalement affirme : Je veux, parce que je veux vraiment.

Tout est dans le vraiment, c’est-à-dire la question de la décision. Or, dans le combat spirituel, c’est bien une question de décision. Cela veut dire que, finalement, il faut faire appel constamment au Christ pour tenir bon dans l’épreuve. Cela vient de la Croix glorieuse. La grâce vient bien de la Croix, aussi bien notre certitude de triompher un jour que le privilège, d’ailleurs, de l’Immaculée Conception.

Donc nous retrouvons là le point positif que nous apporte aussi l’Immaculée Conception. La sainteté rayonnante de la Vierge Marie nous encourage à poursuivre le combat, surtout si nous comprenons que cette sainteté, elle n’est pas méprisante, qu’elle n’est pas froide.

On s’est posé la question : est-ce que Marie avait l’impression d’être une femme un petit peu en dehors des autres ? Ce n’est quand même pas rien d’être Immaculée. Alors est-ce qu’elle aurait pu dire, vous savez, sortant sa carte : Je suis l’Immaculée. Evidemment, ça coupe le souffle. Mais non. Justement, c’est parce qu’elle est sans péché qu’elle est encore plus proche de nous.

Qu’est-ce qui fait que j’ai du mal à être proche de l’autre ? C’est mon péché. Donc l’intercession de Marie est vraiment d’une proximité inouïe. On récite à la fin du Je vous salue Marie : « Priez pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort».
Et je suis sûr que vous priez pour que Marie puisse vous donner la main le jour où le Seigneur vous appellera. Et puis si Jésus est de l’autre côté… Pour cela, il faut prier Saint Joseph ! Mais ça marche.

Marie la toute sainte, elle intercède pour que nous soyons saints. C’est vraiment son accompagnement, son désir.

Troisièmement point :
L’Immaculée est un enseignement précieux. A la fois, je crois que cet enseignement montre la gravité du péché. Il ne s’agit pas de taire le péché. Mais aussi, on doit avoir un regard de croyant sur le mystère d’iniquité qui nous habite encore. Donc, je dirais, un regard sans complaisance.

Je pense qu’évoquer Marie Immaculée, cela doit quand même nous aider à situer le péché face à cette réalité brûlante de la Charité de Dieu. Quand je pèche, je pèche contre cette Charité. Et le péché est une annonce aussi de cette charité qui est manifestée dans la Croix. On a évoqué Pascal : « Si tu connaissais ton péché tu perdrais cœur. » Et parfois, il faut demander cette grâce au Seigneur de voir son péché. On ne le voit pas toujours. Mais un petit peu ! Le curé d’Ars, un jour, il l’a demandé, et il dit que ç’a été terrible. Montre-moi alors un peu ma misère ! Voilà, je vous conseille plutôt de faire cela, parce que parfois il répond vite, le Seigneur ; et ce n’est pas la peine de déprimer non plus.

Je crois que le croyant, en tout cas, au pied de la Croix, doit voir la gravité de son péché. C’est vrai. Mais je pense qu’il faut aussi avoir un regard paisible, à cause de la victoire de la Croix. Et c’est ici que l’image de l’Immaculée est pour nous une précieuse éducatrice.

Quelle que soit la gravité de notre péché, celui-ci est humain, alors que la miséricorde, elle est infinie. Et ça il ne faudra jamais l’oublier. Même si vous êtes au fond du trou, la miséricorde ira encore plus au fond pour venir vous chercher.

Celui qui se place sous la lumière de la Croix ne se laisse jamais écraser par le péché, parce qu’il sait que la Croix est victoire. Marie, dans sa sainteté rayonnante, avant même qu’elle ne soit manifestée par son Assomption auprès du Christ, est l’image définitive de la victoire.

Ne l’oublions pas, surtout dans le combat, surtout quand on semble un peu écrasé par son péché ou un peu déçu sur sa vie, je crois que là, on peut voir l’Immaculée, lui parler, elle nous aidera, parce qu’elle nous rappellera qu’il n’y a pas de fatalité.
Ça aussi, c’est un point qui est important. Je trouve que nous sommes dans un monde où l’on vit comme dans une fatalité, comme si le péché était une fatalité.
« Mon Père, je pèche ! ça fait partie de l’homme, c’est humain… » « Regardez le monde, c’est épouvantable, le monde… » C’est-à-dire qu’il n’y a plus de combat spirituel. Vous savez, on est dans la tragédie.

Nous pourrions citer beaucoup d’auteurs de notre patrimoine…Mais nous ne sommes pas dans la tragédie, nous sommes dans le drame, c’est tout à fait autre chose. Je vous renvoie à Anouilh, dans sa belle pièce d’Antigone, où il présente : la jeune fille là-bas, en noir, c’est Antigone ; elle n’a pas trop de soucis à se faire, parce qu’elle sait qu’à la fin de la pièce, elle est morte ; ça, c’est de la tragédie, c’est comme ça.

Mais notre histoire, elle n’est pas tragique, elle est dramatique, c’est autre chose. C’est-à-dire que dans le drame, là je pense à Giraudoux, dans le drame, on se bat. Et bien je crois qu’il faut le rappeler en tout cas aujourd’hui dans notre monde. Nous avons à nous battre.

Enfin, l’homme est radicalement incapable de donner à Dieu une réponse qui soit digne de lui, une réponse qui soit un vrai oui, nous le savons bien. Il y aura toujours une limite à notre oui.

En Eglise, il y a un oui parfait, et un oui qui n’est en rien limité par le péché, c’est le oui de Marie. Et, je pense que les prêtres qui sont ici l’ont fait, en tout cas je le disais souvent aux séminaristes : le jour de notre ordination, quand on dit vraiment oui, on sait très bien que notre oui est pauvre, mais nous savons aussi que ce oui s’inscrit vraiment dans le oui de Marie, et que cela nous redonne de la force, et que si notre oui est tout petit, il devient grand parce qu’il est repris dans le oui de Notre Dame.

Donc, ça veut dire que l’humanité est sauvée, qu’elle est capable d’aimer Dieu d’un amour total. Nous sommes maintenant capables d’aimer Dieu d’un amour total.
Vous voyez, cette présence de Marie avec nous devant Dieu, à l’intérieur de l’Eglise, ne nous est pas extérieure. Il faut même dire qu’elle nous affecte intérieurement. On doit prendre Marie. J’aime bien le texte que nous aurons, je crois, au quatrième dimanche de l’Avent, où Joseph, par deux fois vous verrez, il y a le message de l’ange, et puis après, Joseph prend Marie. Et puis vous avez, au Golgotha : Et Jean prend Marie.

Qu’est-ce que ça veut dire, prendre Marie ? Ce n’est pas la prendre uniquement par la main, ça ne veut pas dire s’occuper d’elle, mais cela veut dire : être à l’écoute de ce que Marie peut nous dire dans notre cœur, et ce que nous avons, nous, à dire à Marie dans nos cœurs. Je crois qu’il y a un cœur à cœur qui se vit avec l’Immaculée au plus profond de nous-mêmes.

Et c’est là aussi que se vit cette maternité spirituelle qui est une maternité réelle. N’allons pas croire que c’est pieusard ! Cela veut dire que Marie, elle a dit oui au nom de tous, c’est-à-dire qu’on était tous en elle quand elle a dit son oui parfait. Et par ce oui, elle a ouvert le monde entier à Dieu, elle a ouvert le cœur des hommes à Dieu.

Je crois qu’effectivement Duns Scot avait bien vu cela. Tous les hommes participent au péché originel, mais ils participent aussi, et plus originellement encore, au oui originel de la Vierge. Et ça, ça me paraît très important à redire aujourd’hui.
Certes il y a le péché originel (je suis le premier à dire qu’il y a le péché originel, n’allez pas croire que je veux supprimer le péché originel, bien au contraire, il faudrait même peut-être en parler un petit peu plus), mais, je crois qu’en même temps, il faut dire, c’était l’argument de Duns Scot, que la Croix est plus originelle, ou bien si vous voulez que la grâce est plus originelle que le péché.

Et là ça redonne une puissance à notre combat, et aussi une puissance à ce que nous sommes : nous avons été créés pour être saints et immaculés, et justement c’est parce que nous portons cette grâce, et que cette grâce était prévue. Donc quand Dieu nous a créés, Dieu sait qu’on pourrait au moins se poser la question : comment, mais pourquoi Dieu s’est-il mis dans une telle histoire ? Je ne sais pas si vous vous êtes déjà posé la question. Jamais ?

Mais regardez, dans la Trinité, c’était quand même extraordinaire. Le Père aime le Fils, le Fils aime le Père, et dans la communion de l’Esprit-Saint, et ça tourne d’un côté et de l’autre, tout ça c’est l’amour, c’est formidable ! Et voilà qu’à un moment, on se dit : allez hop !

On va créer l’homme. Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. Et nous créer libre, en plus ! Heureusement qu’Il avait prévu tous les pépins ! Parce que ça a vite commencé. Mais puisqu’Il avait tout prévu, c’est là où on voit le dessein d’amour du Père.

Dans la création même de l’homme, et c’est encore un enseignement pour nous aujourd’hui, combien c’est important pour nous, on ne sait même plus ce qu’est l’homme, on ne voit même plus le projet qu’est l’homme dans le dessein de Dieu. Qu’est-ce que vous voulez ?
On peut faire n’importe quoi sur l’homme. On peut tout manipuler. Voyez-vous ? N’oublions pas cette affirmation que nous avons été créés à son image et à sa ressemblance. Nous participons au oui originel de la Vierge Marie. Et donc on demande à la fin de la Messe : ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Eglise, c’est-à-dire regarde-moi en tant que je suis ton Eglise croyante, espérante, aimante, cette Eglise où il y a la Vierge Marie. Paul VI dit qu’elle est la Mère de l’Eglise.

Et bien, avant de recevoir l’Eucharistie, je crois que c’est bien que nous puissions dire : ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Eglise, et là y mettre aussi la Vierge Marie. Nous demandons donc à Dieu finalement de nous regarder dans notre communion avec l’Eglise, ou si vous voulez, dans notre communion avec la Vierge Marie. Et ça je crois que c’est ce qu’il y a de plus extraordinaire, et c’est le fruit, au fond, du dogme de l’Immaculée Conception.

Vous êtes maintenant, grâce à ce dogme, il faut se le redire de temps en temps, victorieux. Vous êtes saints, ça c’est une bonne nouvelle, il faut que je vous le redise quand même, par la grâce sanctifiante. Et vous n’êtes plus dans une sorte de fatalité, parce que vous portez en vous les moyens pour sortir vainqueurs du combat spirituel.

Et au début du combat, croyez-moi, il faut se le dire tout de suite, sinon c’est fichu, parce que sinon on va jouer avec les petits diables. Cela, c’est le rôle de la tentation : on veut toujours jouer un peu avec le feu. Et si on joue avec le feu, on se brûle.

Donc, n’oubliez pas, dès que le cinéma commence, et parfois il commence trois jours avant, de se dire : le Christ est avec moi, il est victorieux de toute tentation, Marie est l’Immaculée, elle est là pour me rappeler : tu peux sortir victorieux, n’aie pas peur. Amen.

Questions :

- Est-ce qu’il y a en ce moment dans l’Eglise des discussions, des controverses, des analyses, sur des notions qui pourraient donner lieu à de nouveaux dogmes ?

- Monseigneur Patrick Chauvet :
Il y avait un dogme qui chatouillait, il y aurait pu avoir un dogme,…Ce n’est plus enregistré, ça ? Parce que là, c’est fichu… tout ce qui a touché la médiation, Marie médiatrice, et, on s’était posé la question Marie co-rédemptrice. Est-ce que, au fond, le Pape aurait pu proclamer Marie co-rédemptrice ? Il ne proclamera pas Marie co-rédemptrice.

C’est sans doute lié, d’abord, à toute une dimension œcuménique, pour commencer, parce que je pense que ça ne ferait sûrement pas plaisir à nos amis protestants, qui ont du mal aussi, au niveau déjà de l’expression Marie médiatrice, ces expressions qu’on a peut-être évoqué au XIXe siècle, où on était friand de toutes ces expressions, qui en soit ne sont pas mauvaises.

Si on explique qu’il n’y a qu’un seul Médiateur, on peut très bien aussi montrer comment se vit la médiation de la Vierge Marie, qui ne se met jamais à la place du Fils. Mais, quand on disait Marie médiatrice, c’est qu’elle était là pour nous aider à collationner les grâces et donc nous conduire vers le Fils, le Fils nous menant vers le Père, c’est évident. Marie co-rédemptrice, ça pourrait être interprété comme deux rédempteurs, ce qui est un peu embêtant, il n’y a qu’un unique Rédempteur.

On voit en ce sens pourquoi certains auraient aimé le titre de co-rédemptrice, c’est pour montrer l’importance du Fiat de la Vierge Marie, qu’effectivement elle fait partie intégrante du mystère du salut, puisqu’elle a quand même dit oui, et je vous l’ai dit, en toute liberté. Son passage, sa vie, la présence de Marie dans la Rédemption, elle est aussi, j’allais dire, essentielle.

Mais, l’Eglise, je comprends que c’est la position du Pape, Marie ne peut pas être co-rédemptrice, en ce sens qu’aujourd’hui on penserait qu’il y a deux rédempteurs. On a plutôt insisté sur le fait qu’il n’y avait qu’un unique Sauveur et un unique Rédempteur. Voilà une des discussions qu’il y a eu.

En revanche, puisque j’ai évoqué un petit peu la question œcuménique, le Pape, dans Orientale Lumen, a voulu montrer combien la théologie mariale était sûrement un chemin privilégiée pour un chemin œcuménique, et donc je crois que nous avons avancé sur ce chemin, et que Marie a sûrement une place de choix.

Alors qu’on aurait pu croire que Marie est là pour bloquer, elle ne bloque pas, bien au contraire, elle est sûrement un chemin qui nous mettra dans la lumière.

Voilà par exemple sur un des débats, mais il y beaucoup d’autre débats, sur comment être sauvé, est-ce la foi ? Mais alors, est-ce qu’il y aura d’autres dogmes ? Ça, il faut demander à l’Esprit-Saint, parce que vous avez bien compris que c’est l’histoire de l’Esprit-Saint.

- Je crois que je n’ai pas bien compris pourquoi le dogme de l’infaillibilité pontificale avait été promulgué après le dogme de l’Immaculée Conception,
et s’il y a un rapport entre les deux ?

- Monsieur Yves-Marie Hilaire :
Il y a deux choses différentes. Il y a d’une part la réflexion de Newman disant que le développement doctrinal implique l’infaillibilité de l’Eglise (je ne suis pas sûr qu’il ait eu une idée très précise sur l’infaillibilité du Pape seul en 1845).

Mais le dogme de l’infaillibilité du Pape, sans qu’il y ait obligatoirement un accord sollicité de l’Eglise, a été défini par Vatican I. Donc c’est une définition très importante, mais elle se situe seize ans après l’Immaculée Conception.

Ce que je voulais simplement dire, c’est sur la façon dont le Pape Pie IX s’y était pris pour définir l’Immaculée Conception dans la Bulle elle-même, il ne précise pas que les évêques étaient d’accord, il ne fait pas allusion à cette consultation, bien qu’elle ait eu lieu, et que les évêques soient présents, et aient discuté les termes mêmes de la Bulle, et aient amené à la modifier un petit peu par rapport au projet.

Je crois qu’il y a eu huit projets de définition avant d’aboutir à une définition, donc tout cela a été longuement discuté, et ce n’est pas le Pape seul qui a fait la définition. Mais c’est lui qui l’a portée et qui en a pris la responsabilité.

- Nos petits-enfants et arrière petits-enfants ne sont pas baptisés, et nous croyons bien de respecter cette décision à cause de leur liberté. Alors est-ce que l’Eglise ne pourrait pas nous encourager, à défaut de baptême, qui, j’espère, sera demandé, sera cherché, à les offrir à la Vierge Marie, en raison de notre amour pour elle, de notre grand désir d’un baptême futur, pour nous délivrer du poids très lourd que nous avons, arrière grands-mères et grands-mères, devant l’indifférence épouvantable d’aujourd’hui?

- Monseigneur Patrick Chauvet :
Ah. Alors. Vous voulez que je dise quelque chose ? D’abord, il y a quelque chose d’important, c’est que, quand on parle du baptême des petits enfants et que, au nom de la liberté,…il faut se méfier de ce terme justement de liberté. C’est-à-dire que, si on veut vraiment qu’ils soient libres, il faut donner les éléments pour qu’ils vivent cette liberté.

Quand je vois des parents qui me disent : on hésite, il faut qu’ils choisissent. Mais pour choisir, encore faut-il connaître. Donc, s’il y a encore une éducation religieuse extraordinaire, et qu’à la fin, l’enfant puisse choisir, là au moins, il aura les éléments.

Malheureusement, c’est souvent qu’il n’y a rien du tout, et donc il n’y a plus de choix possible. Alors, maintenant, est-ce que nous pouvons offrir ou demander à Notre Dame, et que l’Eglise encourage qu’on puisse offrir nos petits-enfants et arrière petits-enfants pour qu’un jour la grâce soit vraiment efficace dans leur cœur, et bien naturellement. Il n’y a même pas besoin que l’Eglise l’encourage, parce que l’Eglise elle le dit à chaque fois. L’intercession de la Vierge Marie, ce n’est quand même pas rien.

Donc offrir vos enfants et petits enfants, croyez-moi, ce n’est pas du temps perdu, bien au contraire. C’est-à-dire que Marie demeure, et elle est, la mère de vos petits-enfants, même s’ils ne sont pas baptisés, parce qu’elle est justement là pour les accompagner, les mener vers le Fils, donc il faut au contraire lui les confier. Enfin c’est ce que je dirais, personnellement. Enfin, vous savez comment ça se passe ?

Bon, je vais vous dire comment ça se passe, vous expliquer. Ça c’est Saint Bernard qui raconte ça, mais je vais vous le raconter avec mes mots :
Quand vous avez des dossiers compliqués comme cela, et il y en a, je suis sûr qu’ici on a tous des dossiers. Comme on est à l’Immaculée Conception, on va quand même mettre le paquet. Bon, vous préparez votre dossier, et puis vous l’envoyez à la Vierge : « Fais quelque chose ».

Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle, elle rentre dans le bureau. Il y a un grand bureau vous savez. Et Jésus est là, il travaille, parce que Jésus, il est là pour travailler. Et alors, quand il voit sa Mère, il est bien élevé, il se lève. Parce que c’est la Reine Mère. Marie est Reine, ce n’est quand même pas rien.
Et quand on accueille la Reine Mère, on se lève. « Qu’est-ce que vous voulez ? – Bien voilà, aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’il se passe dans une paroisse de Paris, mais il y a quand même un certain nombre de dossiers qui viennent d’arriver. Oh, je crois que c’est quand même important, il faut faire quelque chose, parce que vraiment ce sont des enfants du Seigneur extraordinaires.

Donc je crois qu’il faut que Vous fassiez quelque chose. » Alors elle dépose tous les dossiers. Vous êtes bien placés à ce moment-là, vous savez. Quand on est avec Jésus, il sort son stylo, naturellement, et il signe. Et il signe tous les dossiers. Et qu’est-ce qu’il fait ? Attendez, ce n’est pas terminé. Il prend tous les dossiers, et il va voir le Père. Ah bien pour que ça marche, il faut aller jusque-là. Et il dit : « Mon cher Père, voilà, encore du travail aujourd’hui. »

Et ça marche. On va voir. Essayez ça. C’est Saint Bernard qui raconte ça, pour montrer la force de l’intercession de la Vierge Marie. C’est-à-dire quand on lui confie quelque chose, elle est aussi têtue. Et donc, elle veut absolument que le dossier passe. Le problème, il y a un seul problème, c’est qu’il y a beaucoup de dossiers.

Mais il faut être patient. Pour répondre à votre question, je crois qu’on a effectivement intérêt à confier encore un petit peu plus à la Vierge Marie, à son rôle de maternité spirituelle. Ce n’est quand même pas rien que le rôle d’une mère.
Pourquoi est-ce qu’on est consacré, ici tout le monde a été, j’imagine, consacré à la Vierge Marie, ce n’est quand même pas rien. Quand nous sommes protégés, et quand on relit un peu notre histoire, il y a des moments où on se dit : Comment se fait-il qu’on soit protégé comme ça, dans des situations ? C’est Marie.

- Abbé Guillaume de Menthière :
Ce que je voulais simplement ajouter, c’est que Marie n’attend pas qu’on la prie pour intercéder en notre faveur. L’exemple est à Cana.

A Cana, personne ne lui a demandé d’intervenir. Peut-être que le maître de la noce ne s’est même pas aperçu qu’il n’y avait plus de vin. Mais Marie, elle, l’a vu. Et donc, si elle intervient en faveur de ceux qui ne la prient pas, que fera-t-elle en faveur de ceux qui la prient ?

Aucun commentaire: